Rechercher dans ce blog

lundi 30 septembre 2013

PARADIS ET ENFER : Invention de l'esprit humain ou réalité tangible?

Je vous propose une série d'articles sur le mythe du paradis et de l'enfer.
Vous trouverez ci dessous le premier article de cette enquête que j'ai moi même réalisé en compilant plusieurs de mes lectures.

Je joindrai à la fin du dernier article consacré à cette enquête la liste de toute mes sources pour les personnes intéressées.

Je précise par avance, le sujet étant par définition plutôt "sensible" que je ne cherche pas ici à heurter les croyances des uns et des autres. Je m'efforce juste de proposer une analyse parmi d'autres possibles d'un sujet qui m'intéresse.


PARADIS ET ENFER

Invention de l'esprit humain ou réalité tangible?



Depuis l'avènement des sociétés élaborées il y a de cela environ 5.000 ans, l'homme s'interroge sur le devenir de son âme après être passé de vie à trépas.

Si longtemps l'homme « sauvage » a voué un culte à ses morts, il a connu peu après sa révolution néolithique, une autre révolution tout aussi importante mais bien plus spirituelle.

Avec l'avènement des religions et particulièrement des religions monothéistes, le déni de la mort a conduit les hommes à imaginer peu à peu la survie d'une part invisible de l'individu dans un séjour d'outre tombe.
Si l'étude des vestiges légués par les rites funéraires permet de supposer que les conceptions sur l'immortalité de l'âme et l'au delà ont émergé à l'aube de l'histoire, sous différentes influences plus ou moins exotiques et sous des formes plus ou moins variées, ont peu cependant affirmé, que c'est bien la morale des religions monothéistes qui ont contribué à l'élaboration des notions de paradis et d'enfer.


I/ Premiers états d'âme



Le paradis et l'enfer sont des concepts apparus tardivement dans l'histoire des religions. Néanmoins bien avant que l'esprit humain ne se mette à élaborer des notions morales de Salut ou de Damnation éternelles, d'autres auparavant ont imaginé des formes de survie dans l'au-delà.

De fait, le désir d'éternité, si présent dans l'histoire humaine semble puiser ses racines dans les fondements même de ce monde qui émergea du néolithique après que de nombreux bouleversements entre autre climatique eurent modifier le monde de façon durable à bien des niveaux.
Depuis lors, l'homme semble s'être mis en quête de transcender son état de finitude.

En étudiant les vestiges des pratiques funéraires ancestrales, les chercheurs cherchent à mieux cerner les conditions de cette émergence.
Un constat s'impose alors, le soucis de la mort semble être universel pour l'espèce humaine.
Toutefois d'autres espèces du règne animal semble montrer un intérêt particulier pour le corps de leurs morts, tel le chimpanzé.

Faut il en déduire pour autant que le fait d'observer au sein d'une espèce des comportement funéraires implique une croyance en l'au delà?

Selon l'archéologue Francesco d'Errico, l'émergence d'un concept d'au delà implique de disposer d'un langage symbolique assez important. Selon lui il faut en effet nécessairement pouvoir concevoir une réalité dual à la fois tangible et matérielle et en même temps symbolique, mais aussi disposer des outils pour pouvoir la transmettre afin de pouvoir la transformer en réalité sociale.
(c'est l'une des premières fonctions de la religion et particulièrement des religions monothéistes)



Dans les premières sociétés post néolithiques, la mort est irreprésentable. Les rites funéraires sont une réaction des Hommes face au traumatisme que provoque cet état à l'opposé de toute chose connu d'eux.
Dans ces premiers petits groupes humains organisé en collectivités interdépendantes, la mort de l'individu devient symboliquement celle d'une partie de cette collectivité et de ces inter actions entre individus. Cet événement concerne la collectivité qui par voie de conséquences le prends en charge.
Il devient alors important de donner un sens à cette étape de la vie et ces collectivités ainsi que les sociétés qui en découleront plus tard, se mettent à construire des représentations symboliques pour se substituer au néant brutal de la mort et faire de la mort une sorte de passage vers autre chose.
Comme une façon de vaincre un état de fait intolérable. La vie ne s'arrête pas avec la mort.



L'homme cet être si supérieur aux autres espèces vivantes ne peut être soumis à un sort aussi funeste, il ne peut pas être une créature finie (qui connait une fin).
Peu à peu, la Mort est appréhendé comme une forme de survie qui diffère selon les système de croyance. Pour certains c'est l'âme qui survie à la mort physique, pour d'autre encore c'est l'esprit et pour d'autre enfin, c'est une sorte de double immatériel de l'individu.

Peu à peu la mort, cet état de la vie inconnu et effrayant devient une renaissance voir une métamorphose vers un ailleurs, où le mort continu souvent de détenir un pouvoir à l'identique de son vivant.
Ainsi le pharaon qui entreprend le grand voyage demeurera dans l'au delà un puissant roi qui siégera au firmament des Dieux.

Les rites funéraires s'inscrivent dès lors comme une organisation entre les vivants et les morts notamment par le biais d'une mise en scène plus ou moins riche.

On continu ainsi à honorer le défunt comme de son vivant et on lui permet de rejoindre le groupe des morts et d'accéder à un nouveau statut.
Peu importe la forme que revêt le rite, peu importe la croyance qui l'accompagne, sa fonction première est à la fois d'honorer le mort, de s'en séparer et de jouer sur l'articulation symbolique entre le monde des vivants et celui des morts.
Faire preuve de respect envers les défunts c'est aussi égoïstement penser à son devenir au moment de passer de vie à trépas, c'est s'assurer que les inter actions entre les vivants et les morts ne soient pas défavorables.

A cette époque, le maintien de la cohésion du groupe prime sur tout et ces rites deviennent un moyen de maintenir cette cohésion y compris dans l'au delà.

Selon Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue des religions, les notions de réincarnations ou de transmigration comme de résurrection participent à un mouvement individualisation et d'évolution éthique des sociétés, qui se dotent progressivement d'une morale de rétribution dans l'au delà, fournissant un cadre à l'élaboration des notions de Paradis et d'Enfer.

Remonter précisément aux origines et aux causes de ce mouvement est difficile pour plusieurs raisons.
Primo, les comportements funéraires antérieurs aux premières sépultures nous sont inaccessibles la plupart du temps.
Segondo, lorsque nous y avons accès, pour peu qu'il remettent en cause les dogmes couramment admis, les informations sont au mieux mise de coté, au pire mise sous clé.

Pourquoi les chasseurs cueilleurs du paléolithique, engagés dans une lutte pour leurs propres survies se sont ils attardés subitement à inhumer leurs morts?

On peut imaginer que dans un premier temps, il s'agissait là d'une ultime façon de rendre hommage à l'un des leurs en préservant sa dépouille des méfaits du temps ou des prédateurs.

On peut également imaginer que les conditions de vie étaient peut être plus propices à une certaine forme de sédentarisation plus précoce qu'on ne pourrait le penser, qui a permis à ces groupes d'hommes de s'organiser différemment et d'avoir plus de temps pour se livrer à des occupations jusqu'à lors impossible pour des groupes de chasseur toujours en mouvement.

On pourrait enfin imaginer qu'une certaine forme de conception de l'au delà existait déjà (nous ne débattrons pas ici de son origine pour éviter une trop longue disgréssion).

A moins qu'il ne s'agisse un peu des trois, ou de plus encore...

Néanmoins , le dépôt des corps dans leur sépultures en position fœtale semble évoquer une certaine forme de renaissance et les rares vestiges animaux retrouvés, des offrandes préparant le mort à un long voyage figuré et ce même si rien dans tout cela ne semble démontrer une préoccupation d'ordre métaphysique.

On peut remarquer que des le paléolithique supérieur (-35.000 à -12.000 ans), la pérennité des rites funéraires codifiés implique une forte maitrise du groupe sur la gestion de la mort.

A partir de la fin de l'age glaciaire, on assiste à une complexification des rites funéraires qui va de paire avec celle des sociétés et de leur organisation.
On passe peu à peu d'un simple rite d'hommage aux défunts à des rites de préparation de ce dernier à un voyage vers un au delà complexe et symbolique.

Peu à peu l'au delà devient à l'image de l'Ici bas.

Le monde des morts, à bien des égards ressemble à celui des vivants, au fur et à mesure que les sociétés se complexifient.
Cependant à l'image du chaman indien qui accompagne le défunt pour franchir de terrifiants obstacles pour parvenir dans le royaume de l'au-delà, l'idée d'un voyage initiatique et éprouvant pour celui passé de vie à trépas se repends de plus en plus dans les sociétés de l'époque.

Il est d'ailleurs intéressant de noter que plus le royaume de l'au delà se complexifie plus cette notion d'épreuves à traverser pour les mourants se renforce.
Si dans les premières communauté humaine l'au delà est accessible directement à chacun une fois la vie achevée, peu à peu commence à apparaître l'idée que l'au delà se mérite et qu'il nécessite de s'en montrer digne.

Dans certaines civilisations, comme en Afrique, l'accès à ce royaume s'acquière de son vivant par certaines conditions à remplir. Les actions des vivants et la façon dont ils meurent déterminent la qualité du passage dans l'au delà.

Celui qui connait une mort violente peux craindre pour son passage dans l'au delà, alors que celui qui meurt âgé ou avec une progéniture nombreuse accèdera au statut d'ancêtre.

Devant la mort qui fragilise le groupe social, la société des hommes redit ce qu'elle est ou ce qu'elle veut être au travers de sa vision de l'au delà.
Dans les premier temps comme nous l'avons vu plus haut, le but des rites funéraires était principalement de préserver la stabilité du groupe suite à un décès.

Mais la modernité initié naturellement ou non dès le néolithique, modifie les règles du vivre ensemble.
Des visions d'un au delà stratifié se dessine alors, autorisant une différenciation du statut des morts en fonction de différents critères allant des caractéristiques personnelles aux actions menées par les uns et les autres.

La lente genèse de l'Enfer et du Paradis des chrétiens constitue une adaptation aux codes de la conduite morale et à l'avènement de la notion de responsabilité individuelle en Occident, quand le brahmanisme et le bouddhisme eux répondent à l'individualisation des sociétés par une aspiration à la fusion dans un Tout, un idéal où se dissout toute existence individuelle.

La suite à venir



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire