Je vous propose une série d'articles sur le mythe du paradis et de l'enfer.
Vous trouverez ci dessous le premier article de cette enquête que j'ai moi même réalisé en compilant plusieurs de mes lectures.
Je joindrai à la fin du dernier article consacré à cette enquête la liste de toute mes sources pour les personnes intéressées.
Je précise par avance, le sujet étant par définition plutôt "sensible" que je ne cherche pas ici à heurter les croyances des uns et des autres. Je m'efforce juste de proposer une analyse parmi d'autres possibles d'un sujet qui m'intéresse.
PARADIS ET ENFER
Invention de l'esprit humain ou réalité tangible?
Depuis l'avènement des sociétés
élaborées il y a de cela environ 5.000 ans, l'homme s'interroge sur
le devenir de son âme après être passé de vie à trépas.
Si longtemps l'homme « sauvage »
a voué un culte à ses morts, il a connu peu après sa révolution
néolithique, une autre révolution tout aussi importante mais bien
plus spirituelle.
Avec l'avènement des religions et
particulièrement des religions monothéistes, le déni de la mort a
conduit les hommes à imaginer peu à peu la survie d'une part
invisible de l'individu dans un séjour d'outre tombe.
Si l'étude des vestiges légués par
les rites funéraires permet de supposer que les conceptions sur
l'immortalité de l'âme et l'au delà ont émergé à l'aube de
l'histoire, sous différentes influences plus ou moins exotiques et
sous des formes plus ou moins variées, ont peu cependant affirmé,
que c'est bien la morale des religions monothéistes qui ont
contribué à l'élaboration des notions de paradis et d'enfer.
I/ Premiers états d'âme
Le paradis et l'enfer sont des concepts
apparus tardivement dans l'histoire des religions. Néanmoins bien
avant que l'esprit humain ne se mette à élaborer des notions
morales de Salut ou de Damnation éternelles, d'autres auparavant ont
imaginé des formes de survie dans l'au-delà.
De fait, le désir d'éternité, si
présent dans l'histoire humaine semble puiser ses racines dans les
fondements même de ce monde qui émergea du néolithique après que
de nombreux bouleversements entre autre climatique eurent modifier le
monde de façon durable à bien des niveaux.
Depuis lors, l'homme semble s'être mis
en quête de transcender son état de finitude.
En étudiant les vestiges des pratiques
funéraires ancestrales, les chercheurs cherchent à mieux cerner
les conditions de cette émergence.
Un constat s'impose alors, le soucis de
la mort semble être universel pour l'espèce humaine.
Toutefois d'autres espèces du règne
animal semble montrer un intérêt particulier pour le corps de leurs
morts, tel le chimpanzé.
Faut il en déduire pour autant que le
fait d'observer au sein d'une espèce des comportement funéraires
implique une croyance en l'au delà?
Selon l'archéologue Francesco
d'Errico, l'émergence d'un concept d'au delà implique de disposer
d'un langage symbolique assez important. Selon lui il faut en effet
nécessairement pouvoir concevoir une réalité dual à la fois
tangible et matérielle et en même temps symbolique, mais aussi
disposer des outils pour pouvoir la transmettre afin de pouvoir la
transformer en réalité sociale.
(c'est l'une des premières fonctions
de la religion et particulièrement des religions monothéistes)
Dans les premières sociétés post
néolithiques, la mort est irreprésentable. Les rites funéraires
sont une réaction des Hommes face au traumatisme que provoque cet
état à l'opposé de toute chose connu d'eux.
Dans ces premiers petits groupes
humains organisé en collectivités interdépendantes, la mort de
l'individu devient symboliquement celle d'une partie de cette
collectivité et de ces inter actions entre individus. Cet événement
concerne la collectivité qui par voie de conséquences le prends en
charge.
Il devient alors important de donner un
sens à cette étape de la vie et ces collectivités ainsi que les
sociétés qui en découleront plus tard, se mettent à construire
des représentations symboliques pour se substituer au néant brutal
de la mort et faire de la mort une sorte de passage vers autre chose.
Comme une façon de vaincre un état de
fait intolérable. La vie ne s'arrête pas avec la mort.
L'homme cet être si supérieur aux
autres espèces vivantes ne peut être soumis à un sort aussi
funeste, il ne peut pas être une créature finie (qui connait une
fin).
Peu à peu, la Mort est appréhendé
comme une forme de survie qui diffère selon les système de
croyance. Pour certains c'est l'âme qui survie à la mort physique,
pour d'autre encore c'est l'esprit et pour d'autre enfin, c'est une
sorte de double immatériel de l'individu.
Peu à peu la mort, cet état de la vie
inconnu et effrayant devient une renaissance voir une métamorphose
vers un ailleurs, où le mort continu souvent de détenir un pouvoir
à l'identique de son vivant.
Ainsi le pharaon qui entreprend le
grand voyage demeurera dans l'au delà un puissant roi qui siégera
au firmament des Dieux.
Les rites funéraires s'inscrivent dès
lors comme une organisation entre les vivants et les morts notamment
par le biais d'une mise en scène plus ou moins riche.
On continu ainsi à honorer le défunt
comme de son vivant et on lui permet de rejoindre le groupe des morts
et d'accéder à un nouveau statut.
Peu importe la forme que revêt le
rite, peu importe la croyance qui l'accompagne, sa fonction première
est à la fois d'honorer le mort, de s'en séparer et de jouer sur
l'articulation symbolique entre le monde des vivants et celui des
morts.
Faire preuve de respect envers les
défunts c'est aussi égoïstement penser à son devenir au moment de
passer de vie à trépas, c'est s'assurer que les inter actions entre
les vivants et les morts ne soient pas défavorables.
A cette époque, le maintien de la
cohésion du groupe prime sur tout et ces rites deviennent un moyen
de maintenir cette cohésion y compris dans l'au delà.
Selon Frédéric Lenoir, philosophe et
sociologue des religions, les notions de réincarnations ou de
transmigration comme de résurrection participent à un mouvement
individualisation et d'évolution éthique des sociétés, qui se
dotent progressivement d'une morale de rétribution dans l'au delà,
fournissant un cadre à l'élaboration des notions de Paradis et
d'Enfer.
Remonter précisément aux origines et
aux causes de ce mouvement est difficile pour plusieurs raisons.
Primo, les comportements funéraires
antérieurs aux premières sépultures nous sont inaccessibles la
plupart du temps.
Segondo, lorsque nous y avons accès,
pour peu qu'il remettent en cause les dogmes couramment admis, les
informations sont au mieux mise de coté, au pire mise sous clé.
Pourquoi les chasseurs cueilleurs du
paléolithique, engagés dans une lutte pour leurs propres survies se
sont ils attardés subitement à inhumer leurs morts?
On peut imaginer que dans un premier
temps, il s'agissait là d'une ultime façon de rendre hommage à
l'un des leurs en préservant sa dépouille des méfaits du temps ou
des prédateurs.
On peut également imaginer que les
conditions de vie étaient peut être plus propices à une certaine
forme de sédentarisation plus précoce qu'on ne pourrait le penser,
qui a permis à ces groupes d'hommes de s'organiser différemment et
d'avoir plus de temps pour se livrer à des occupations jusqu'à lors
impossible pour des groupes de chasseur toujours en mouvement.
On pourrait enfin imaginer qu'une
certaine forme de conception de l'au delà existait déjà (nous ne
débattrons pas ici de son origine pour éviter une trop longue
disgréssion).
A moins qu'il ne s'agisse un peu des
trois, ou de plus encore...
Néanmoins , le dépôt des corps dans
leur sépultures en position fœtale semble évoquer une certaine
forme de renaissance et les rares vestiges animaux retrouvés, des
offrandes préparant le mort à un long voyage figuré et ce même si
rien dans tout cela ne semble démontrer une préoccupation d'ordre
métaphysique.
On peut remarquer que des le
paléolithique supérieur (-35.000 à -12.000 ans), la pérennité
des rites funéraires codifiés implique une forte maitrise du groupe
sur la gestion de la mort.
A partir de la fin de l'age glaciaire,
on assiste à une complexification des rites funéraires qui va de
paire avec celle des sociétés et de leur organisation.
On passe peu à peu d'un simple rite
d'hommage aux défunts à des rites de préparation de ce dernier à
un voyage vers un au delà complexe et symbolique.
Peu à peu l'au delà devient à
l'image de l'Ici bas.
Le monde des morts, à bien des égards
ressemble à celui des vivants, au fur et à mesure que les sociétés
se complexifient.
Cependant à l'image du chaman indien
qui accompagne le défunt pour franchir de terrifiants obstacles pour
parvenir dans le royaume de l'au-delà, l'idée d'un voyage
initiatique et éprouvant pour celui passé de vie à trépas se
repends de plus en plus dans les sociétés de l'époque.
Il est d'ailleurs intéressant de noter
que plus le royaume de l'au delà se complexifie plus cette notion
d'épreuves à traverser pour les mourants se renforce.
Si dans les premières communauté
humaine l'au delà est accessible directement à chacun une fois la
vie achevée, peu à peu commence à apparaître l'idée que l'au
delà se mérite et qu'il nécessite de s'en montrer digne.
Dans certaines civilisations, comme en
Afrique, l'accès à ce royaume s'acquière de son vivant par
certaines conditions à remplir. Les actions des vivants et la façon
dont ils meurent déterminent la qualité du passage dans l'au delà.
Celui qui connait une mort violente
peux craindre pour son passage dans l'au delà, alors que celui qui
meurt âgé ou avec une progéniture nombreuse accèdera au statut
d'ancêtre.
Devant la mort qui fragilise le groupe
social, la société des hommes redit ce qu'elle est ou ce qu'elle
veut être au travers de sa vision de l'au delà.
Dans les premier temps comme nous
l'avons vu plus haut, le but des rites funéraires était
principalement de préserver la stabilité du groupe suite à un
décès.
Mais la modernité initié
naturellement ou non dès le néolithique, modifie les règles du
vivre ensemble.
Des visions d'un au delà stratifié se
dessine alors, autorisant une différenciation du statut des morts en
fonction de différents critères allant des caractéristiques
personnelles aux actions menées par les uns et les autres.
La lente genèse de l'Enfer et du
Paradis des chrétiens constitue une adaptation aux codes de la
conduite morale et à l'avènement de la notion de responsabilité
individuelle en Occident, quand le brahmanisme et le bouddhisme eux
répondent à l'individualisation des sociétés par une aspiration à
la fusion dans un Tout, un idéal où se dissout toute existence
individuelle.
La suite à venir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire